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Lectures pour les sept jours de la Création
par Blaise Pascal, Julienne de Norwich, François d'Assise, Matilde de Magdebourg, Christopher Smart, J. Heinrich Arnold, Sadhu Sundar Singh
jeudi, le 17 juin 2021
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Premier jour : Lumière
Le livre de Job
L'Éternel répondit à Job du milieu de la tempête. Il dit :
« Qui est celui qui obscurcit mes plans
par des discours dépourvus de savoir ?
Mets donc une ceinture autour de ta taille comme un vaillant homme !
Je t'interrogerai et tu me renseigneras. »
Où étais-tu quand j’ai fondé la terre ?
Déclare-le, puisque tu es si intelligent!
Qui a fixé ses dimensions? Tu le sais, n’est-ce pas ?
Ou qui a déplié le ruban à mesurer sur elle ?
Sur quoi ses bases reposent-elles ?
Ou qui en a posé la pierre angulaire
alors que les étoiles du matin éclataient ensemble en chants d'allégresse
et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie ?
Job 39:1-7, Segond 21.
Deuxième jour : Firmament
Blaise Pascal (1623–1662)
Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers, que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit, et qu'il s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'une pointe très délicate à l'égard de celui que ces astres, qui roulent dans le firmament, embrassent. Mais si notre vue s'arrête là que l'imagination passe outre, elle se lassera plutôt de concevoir que la nature de fournir. Tout le monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature. Nulle idée n'en approche, nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes au prix de la réalité des choses. C'est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part. Enfin, c'est le plus grand caractère sensible de la toute-puissance de Dieu que notre imagination se perde dans cette pensée.
Blaise Pascal, Pascal’s Pensées, archive.wikiwix.com/
Troisième jour : Arbres & fruits
Julienne de Norwich (1342–ca. 1416)
La Trinité remplit mon cœur d'une joie intense. Cela me fut montré dans cette première vision… Notre Seigneur me montra dans la paume de ma main, une toute petite chose à peine grosse comme une noisette... C'est une représentation de tout ce qui est créé. Je m'étonnais de ce que cela pouvait subsister, car il semblait qu'une chose aussi petite eut pu, en un clin d'œil, être anéantie. Dans cette petite chose, je vis trois propriétés : 1. Dieu l'a créée, 2. Dieu l'aime, 3. Dieu lui conserve l'existence. Absolument tout est renfermé dans sa Bonté ; là rien ne saurait manquer. La Bonté de Dieu est bien au-dessus de toute prière et elle s'abaisse jusqu'au dernier de nos besoins. C'est par la contemplation et l'amour de son Créateur qu'on arrive à « une vraie humilité et une grande charité envers ses semblables. Cette vision fut à la fois prompte et saisissante, horrible et effrayante, douce et consolante. Que Lui qui est le Très-Haut, le Tout-Puissant, soit si modeste, si humble, si simple et si affable. La plénitude de la joie qui nous attend au ciel sera causée, selon moi, par cette courtoisie et cette simplicité merveilleuse de notre Père, notre Créateur, en Jésus, notre Frère et notre Sauveur.
Julienne de Norwich, Révélations de l'Amour Divin, Abrégé par les Recluses Missionnaires des Révélations de l'Amour Divin, traduites par Dom G. Meunier, moine bénédictin, (Maison Alfred Mame et Fils, 11e édition.), 1966).
Quatrième jour : Soleil, lune & étoiles
François d'Assise (1181–1226)
Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil, par qui tu nous donnes le jour,
la lumière : il est beau, rayonnant d'une grande splendeur,
et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles :
dans le ciel tu les as formées, claires, précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l'air et pour les nuages, pour l'azur calme et tous les temps :
grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Eau
qui est très utile et très humble précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu
par qui tu éclaires la nuit : il est beau et joyeux, indomptable et fort.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre,
qui nous porte et nous nourrit, qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux qui pardonnent
par amour pour toi ; qui supportent épreuves et maladies :
Heureux s'ils conservent la paix, car par toi, le Très-Haut,
ils seront couronnés.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre sœur la Mort corporelle,
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
FFrançois d'Assise, Le Cantique des Créatures, www.lavie.fr.
Cinquième jour : Oiseaux
Mathilde de Magdeburg (ca. 1207–ca.1282)
Si un oiseau reste longtemps au sol, ses ailes se détériorent et ses plumes s'alourdissent. Il s'élève alors en battant ses plumes et en s'étirant loin vers le haut jusqu'à ce qu'il attrape l'air. Puis il s'envole encore plus haut. Plus il vole, plus il s'élève dans l'exaltation, revenant à peine sur terre pour se rafraîchir. C'est ainsi que les ailes de l'amour lui ont enlevé les plaisirs terrestres. C'est de la même manière que nous devons nous préparer lorsque nous devons nous approcher de Dieu. Nous devons élever les plumes de notre désir vers Dieu. Nous devons élever notre vertu et nos bonnes œuvres avec amour. Si nous n'y renonçons pas, nous deviendrons conscients de Dieu.
Mechthild of Magdeburg, The Flowing Light of the Godhead (Paulist Press, 1998), 329.
Sixième jour : Animaux
Christopher Smart (1722–1771)
Car je vais considérer mon chat Jeoffry.
Car il est le serviteur du Dieu vivant dûment et quotidiennement à son service.
Car au premier regard de la gloire de Dieu en Orient, il se prosterne à sa manière.
Pour ce faire, il fait sept fois le tour de son corps avec une rapidité élégante.
Il se lève alors pour attraper le musc, qui est la bénédiction de Dieu sur sa prière.
Car il roule sur la farce pour le faire entrer…
S'il rencontre un autre chat, il l'embrasse avec gentillesse.
Quand il prend sa proie, il joue avec elle pour lui donner une chance.
Car une souris sur sept s'échappe à cause de ses tergiversations.
Car lorsque sa journée de travail est terminée, ses affaires commencent plus proprement.
Car il veille la nuit sur l'adversaire.
Car il s'oppose aux puissances des ténèbres par sa peau électrique et ses yeux brillants.
Car il s'oppose au Diable, qui est la mort, en s'attaquant à la vie.
Car dans ses oraisons matinales, il aime le soleil et le soleil l'aime.
Car il est de la tribu du Tigre…
Car il est un mélange de gravité et de gaieté.
Car il sait que Dieu est son Sauveur.
Christopher Smart, Rejoice in the Lamb: A Song from Bedlam, ed. William Force Stead (J. Cape, 1939).
Sixième jour : Homme
J. Heinrich Arnold (1913-1982)
Qu'est-ce que l'homme ? Il existe dans un champ de tension entre l'animal et l'esprit. La plupart des gens ne reconnaissent pas cette tension si importante. Ils ignorent le fait qu'ils sont appelés à quelque chose de plus élevé que l'animal, qu'ils doivent permettre à l'esprit de vivre en eux. Il ne nous a pas encore été révélé, je crois, quels potentiels d'expériences merveilleuses sont donnés à l'homme. Ce premier homme a dû vivre une expérience religieuse incroyable lorsque, venant du monde animal, il a soudain fait l'expérience de Dieu - nous, les humains, faisons rarement l'expérience de Dieu de cette manière, qui insuffle son souffle vivant en nous et parle directement à notre cœur. Pourtant, la même chose est arrivée à Marie lorsqu'elle a conçu Jésus par l'Esprit. Si, avec le respect qui lui est dû, nous considérons l'homme comme l'image de Dieu, alors il doit y avoir une certaine ressemblance avec Dieu dans l'homme, l'être créé. Nous ne pouvons pas simplement rejeter l'hypothèse qu'en Dieu il y a les deux : ce que nous, ses créatures, connaissons comme le masculin et le féminin. Tout ce que Dieu a créé nous donne un aperçu de sa nature. Tout vit en Lui, c'est donc Lui qui l'a créé. Lorsque Dieu a créé Adam, il a dit que tout ce qu'il avait fait était bon. Mais Dieu vit qu'il ne serait pas bon que l'homme reste seul. Il prit donc une côte d'Adam et créa la femme à partir de cette côte. La femme était donc, elle aussi, une image de Dieu ?
J. Heinrich Arnold, In the Image of God (Plough, 1977), 11–12.
Septième jour : Dieu vit que c'était bon
Sadhu Sundar Singh (1889–1929)
Dieu est révélé dans le livre de la nature, car Dieu en est l'auteur. Pourtant, nous ne comprenons ce livre que si nous avons la perspicacité spirituelle nécessaire. Sans révérence et sans perception, nous nous égarons. Nous ne pouvons pas juger de la véracité d'un livre simplement en le lisant. Les agnostiques et les sceptiques, par exemple, ne trouvent que des défauts au lieu de la perfection. Les sceptiques demandent : « S'il existe un créateur tout-puissant, pourquoi alors y a-t-il des ouragans, des tremblements de terre, de la douleur, de la souffrance, de la mort, etc. » C'est comme critiquer un bâtiment inachevé ou une peinture incomplète. Lorsque nous les voyons complètement terminés, nous sommes embarrassés par notre propre folie et nous louons le talent de l'artiste. Dieu n'a pas façonné le monde dans sa forme actuelle en un seul jour, et il ne le perfectionnera pas non plus en un seul jour. La création entière avance vers son achèvement, et si nous la voyons avec les yeux de Dieu avancer vers le monde parfait, sans défaut ni tache, alors nous ne pouvons que nous incliner humblement devant notre créateur et nous exclamer : « C'est très bon. »
Sadhu Sundar Singh, Wisdom of the Sadhu (Plough, 2014), 57–58.
L'œuvre d'art qui accompagne ces lectures est tirée d'un récit de la Création figurant dans la Chronique de Nuremberg, une histoire universelle compilée par le médecin, humaniste et bibliophile de Nuremberg Hartmann Schedel (1440-1514). Achevée en 1493, elle est l'un des premiers livres imprimés à intégrer avec succès des illustrations et du texte.