Voici la personnalité rassurante de l'Avent. C'est la consolation la plus fervente de l'Avent, que l'Annonciation ait trouvé un cœur tout à fait prêt, disposé à recevoir ce message; que la Parole devint chair et que, en ce cœur maternel et pur, la planète terre a dépassé ses propres limites, et est entrée en l'humanité de Dieu: voilà la consolation divine de l'Avent. A quoi nous servent notre intuition et l'expérience de notre misère, s'il n'y a pas de pont vers l'autre rive? A quoi nous sert la terreur de nous savoir confus et perdus, à moins qu'une lumière flamboyante surpasse l'obscurité et l'assujettit. A quoi bon trembler de froid et d'aigreur en lesquels le monde périt, plus il se meurt en lui-même, si nous ne sommes pas en même temps conscients de la grâce plus puissante que tout égarement et que tout péril?
Les poètes et les mythologistes, les écrivains de contes de fées et d'autres histoires de l'humanité, ont toujours parlé des mères maternelles. Quelquefois, il s'agissait de la terre, une autre fois, de la nature: ils ont voulu rendre les chambres secrètes de l'univers accessibles, et ainsi conjurer la source mystérieuse et jaillissante de la vie. En tout ceci, trouvons-nous le pressentiment, la soif et la nostalgie . . . une attente, l'attente de l'Avent pour cette femme bénie.
Que Dieu fut devenu le fils d'une mère, qu'une femme fut permise de vivre sur terre, dont le sein fut consacré à être le temple sacré et le tabernacle de Dieu — voilà le perfectionnement de la terre et l'accomplissement de ses aspirations.
L'Avent nous donne tellement de consolations en ce mystérieux personnage, béni et expectatif, de Marie. Combien la terre fut-elle bénie de devoir porter ce fruit! Le monde fut permis d'apparaître devant Dieu avec la chaleur protectrice d'un cœur maternel, désirant seulement servir, et par conséquent tellement sécurisant!
L'horizon gris doit s'éclaircir. C'est uniquement la scène du premier plan qui crie si fort, avec une telle insistance. Au-delà, là où le Vrai existe, tout est différent, même maintenant. La femme a conçu l'enfant, elle l'a abrité en son sein, et donné naissance au petit fils. Dès lors, le monde existe sous une loi différente. Toutes ces choses ne sont pas seulement évènements historiques d'une seule fois, sur lesquels repose notre salut. Ce sont de même des personnages typiques et évènements dénotant le nouvel ordre des choses, de la vie, de notre existence.
Aujourd'hui, nous devons nous rappeler avec courage que la femme bénie de Nazareth est une de ces personnes illuminatrices. En leur être profond, nos jours et nos destinées y tiennent aussi à cette bénédiction et à ce mystère de Dieu. Ce que nous devons faire, c'est d'attendre, de pouvoir attendre leur heure.
L'Avent nous vient trois fois comme figure sainte et symbolique. Je ne veux pas dire comme une peinture miniature idyllique, mais comme un appel, à moi et à toi, cher ami, si ces pages te viennent en main. Ce ne sont pas les belles paroles qui me concernent, mais la vérité. C'est avec la vérité, que je désire me mesurer, m'orienter, et me redresser lorsque le fardeau immédiat de ces jours devient trop lourd, trop séduisant, trop embarrassant.
Nous voulons nous agenouiller et prier pour la triple bénédiction de l'Avent, et sa triple inspiration.
Prions de recevoir la candeur, et la bonne volonté d'accepter l'avertissement des messagers du Seigneur, de façon à conquérir les lieux déserts de la vie, au travers du repentir de nos cœurs. Il ne nous faut pas nous dérober des paroles sévères des prêcheurs dans le désert, afin que nos bourreaux d'aujourd'hui ne redeviennent nos accusateurs, parce que nous sommes gardons le silence à propos de la vérité.
Demandons plutôt d'avoir des yeux clairs qui puissent voir les messagers de Dieu de l'Annonciation; des cœurs éveillés, qui puissent entendre les paroles de la promesse. Le monde est plus que ses peines, et la vie est plus que la somme de ses jours gris. Les fils d'or de la grande réalité brillent déjà de part en part. Sachons ceci, et soyons nous-mêmes des messagers de consolation. Celui qui nous donne l'espoir est Lui-même une homme d'espoir et de promesse.
Et encore, prions pour la foi en la consécration maternelle de la vie, comme elle nous est montrée dans le personnage de la femme bénie de Nazareth. La vie a été ravie des puissances cruelles et sans pitié, aujourd'hui et pour toujours. Soyons patients et attendons, en l'esprit de l'Avent, l'heure en laquelle le Seigneur voudra bien de nouveau apparaître, même en cette nuit, comme le fruit et le mystère de ces temps-ci.
L'Avent est le temps de promesse; pas encore le temps de réalisation. Nous nous tenons encore au milieu de l'inexorabilité d'un destin impérieux. Pour les yeux qui ne voient pas, il semble que les dés définitifs ont été joués dans ces vallées, sur ces champs de bataille, dans ces camps, ces prisons, et ces cachots. Celui qui est éveillé ressent d’autres forces à l'œuvre, et il peut attendre leur heure.
L'espace est encore rempli du bruit de destruction et d'annihilation, de cris impérieux d'arrogance et de présomption, de désespoir et d'impuissance. Mais à l'horizon, les réalités éternelles restent silencieuses en leur ancienne nostalgie. Déjà, la première lueur de la plénitude future rayonne. On dirait entendre de loin résonner les premiers accords des chalumeaux et des chants des pâtres. Ce ne sont pas des chants mélodieux; c'est encore trop distant, plutôt des simples présages. Pourtant ceci se passe en ce moment même. Et demain les anges nous annonceront avec allégresse ce qui s'est passé, et nous le saurons, et nous serons heureux, si nous avons eu confiance et foi en l'Avent.