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    Pine branch covered in snow

    Allélu-non-a

    par Maria Berg

    vendredi, le 9 décembre 2016
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    Un beau soir, au milieu du Septième ciel, Dieu le Père s'est assis sur son trône brillant, en souriant tranquillement. Un dimanche parfait, qui donnait bonheur à tous les peuples, s'était passé. Les anges faisaient de leur mieux pour chanter Alléluia. Les grands et puissants anges chantaient comme les orgues et les trombones, pendant que les petits anges chantaient comme les violons et les pipeaux, narguant, comme un vol de moineaux.

    Les grands anges ne dorment jamais car ils ont tant de tâches, qu'ils montent et descendent les marches Alléluia. Les anges les plus petits bordent les deux côtés de ces escaliers célestes, comme une rangée de tuyaux d'orgues, et chantent leur Alléluia du soir. Parfois quand le ciel est rose au coucher du soleil, leurs chansons peuvent être entendues sur la Terre.

    Mais ce soir-là, quelque chose n'allait pas.

    Michel, un archange puissant, secoua la tête et chuchota : « Entends-tu ? Il y a un problème avec les chansons des petits. Un petit ange chante faux ».

    Un autre répondit : « Comment faux ? Ça, je ne pense pas, mais quoi que ce soit, il faut l'arrêter avant que le Dieu céleste ne le remarque. »

    Mais c'était trop tard. Dieu l'avait remarqué. Il parcourut les marches Alléluia jusqu'au fond des rangées des petits anges, et il dit : « Il y a un petit ange, là, en bas, qui continue à chanter Allélu-non-a au lieu de Allélu-oui-a. Amène-le-moi. »

    Oui, maintenant on pouvait l'entendre distinctement : une petite voix, haute et aiguë, « Allélu-non-a » qui résonnait de façon insolente. Les grands anges tremblèrent d'horreur, puis se hâtèrent de chercher le petit pécheur. L'échelle de Jacob vibra sous leurs pieds. Perché sur la dernière marche, un petit ange, avec les cheveux roux en désordre, dit énergiquement : « Allélu-NON-a. »

    « Attends, petit diable », s'exclama Michel. Puis, il monta chercher le petit ange et le posa devant le trône céleste. Devant la splendeur de Dieu, le petit ange parut si petit. Mais il cria encore une fois : « Allélu-non-a. »

    « Que s'est-il passé, petit ? lui demanda Dieu. Qui t'a appris cela ?

    —Personne. C'était dans mon cœur depuis longtemps.

    —Vraiment ? C'est mauvais, n'est-ce pas ? Essaie une fois. C'est très facile. Allélu-OUI-a. Alléluia.

    —Non, sanglota le petit ange, je ne le peux pas. Il devient toujours Allélu-non-a, il sort tout seul.

    —C'est grave, dit Dieu le Père en secouant la tête, donc nous devrons penser à d'autres manières pour t'apprendre encore l'Allélu-oui-a. »

    Puis Michel s'avança : « Dieu notre Père, Dieu de l'Univers, pourquoi n'écrases-tu pas ce mauvais serpent ? Il ne mérite pas que tu lui dises un autre mot ! Laisse-le-moi, je vais vite lui apprendre un vrai et bon Allélu-oui-a ! »

    Mais Dieu le Père leva la main. « Michel, qu'est-ce que tu penses ? Est-ce que tu t'imagines que je veux une foule d'esclaves dans mes cieux, qui chantent seulement parce qu'ils ont peur de toi et du tranchant de ta lance ? Je veux être honoré et servi librement et même par les plus petits anges. S'il me plait, l'heure viendra où je transformerai le dernier Allélu-non-a en Allélu-oui-a. » Michel baissa la tête.

    Dieu appela Raphaël, le gardien protecteur de tous ceux qui sont perdus et lui dit : « Va et prends avec toi ce petit ange qui ne sait chanter qu'Allélu-non-a. Guide-le et montre-lui toutes les gloires du ciel et de la terre. Quand enfin, il pourra chanter Allélu-oui-a, ramène-le-moi. Pas avant. »

    Ainsi, Raphaël et le petit ange sont passés ensemble par la porte céleste, vers la nuit étoilée. Le soleil s'est couché depuis longtemps, mais le petit ange qui, d'habitude, dormait à cette heure-ci, regarda partout, curieusement.

    « Comment t'appelles-tu, demanda Raphaël.

    —Moi, je m'appelle Cabriole.

    —Cabriole ?

    —Oui. N'as-tu jamais entendu parler de moi ?

    —Mais non, mon chéri, comment est-ce que je le pourrais ? Il y a des milliers de petits anges comme toi. En plus, je trouve que le nom Cabriole est un peu bizarre pour un ange et qu'il ne te va pas. »

    —Tu le crois ? répondit Cabriole, et bien maintenant, j'ai quelque chose à te dire : Cabriole veut dire soubresaut, et j'ai culbuté vingt-sept fois à partir des cimes du pommier le plus haut du Paradis. Vingt-sept fois !

    —Oh-la-la, que tu es drôle ! Vingt-sept fois ! Oh Cabriole ! »

    Toujours riant, Raphaël prit Cabriole dans ses bras et l'embrassa. « Tiens ! Ne rirais-tu pas si j'en faisais même un soubresaut ?

    —Toi ? Oui je crois que je rirais, sourit Cabriole, mais ce n'est pas tout ! Une autre fois, quand je plongeais du nuage le plus haut du ciel, j'ai loupé le pré de nuages et je suis tombé au milieu de la réunion des archanges ! »

    —Et qu'est-ce qu'ils ont fait ?

    —Je ne sais pas. Je n'ai pas attendu pour voir ! ». Ils ont éclaté de rire. Puis, Cabriole se tut. Il serra le grand ange dans ses bras. « Tu es bon, dit-il, je t'aime. »

    seeing the universeEn sécurité, dans les bras de Raphaël, Cabriole découvrit toutes les merveilles de l'univers. Mais le petit ange eut peur et ferma les yeux. « Regarde et contemple ! » C'était un ordre auquel il devait obéir.

    Ils planaient au milieu d'une belle danse. Des milliers d'étoiles, de lunes, soleils et planètes bougeaient au son de la musique divine. Tous furent guidés, en bon ordre, par une main invisible.

    « Dieu contrôle tout avec son petit doigt, dit Raphaël. N'est-ce pas merveilleux ? Est-ce que tu peux chanter enfin Allélu-oui-a, Cabriole ? »

    Le petit bonhomme se racla la gorge et essaya deux ou trois fois mais sa voix n'obéissait pas.

    « Essaie encore une fois, l'encouragea Raphaël.

    —Non, dit Cabriole, ça ne va pas. J'avais trop peur à ce moment-là ! »

    Il a à peine fini de parler quand une étoile filante passa en sifflant. Cabriole se sentit très mal à l'aise. Il se cramponna à la gorge de Raphaël et supplia : « Amène-moi loin d'ici. Ramène-moi chez nous. »

    Mais Raphaël secoua la tête : « Je ne peux pas le faire, Cabriole. Tu ne peux pas rentrer avant que tu n'aies appris à chanter Allélu-oui-a ».

    Tout à coup, Cabriole réalisa les conséquences de sa punition. Il en sentit le poids et pleura. En pleurant, Cabriole s'endormit et Raphaël le berça toute la nuit.

    Le lendemain matin, Raphaël prit le petit ange, qui dormait toujours dans son lit de nuages, et le porta à la Terre.

    « Bonjour Cabriole ! » dit-il en le mettant à côté d'un ruisseau.

    Cabriole ouvrit les yeux. « Où suis-je ? demanda-t-il. Où est mon lit et quel pays est-ce ?

    —C'est la Terre. La belle Terre ensoleillée, répondit Raphaël. Lève-toi vite maintenant et lave-toi. Il y a beaucoup d'eau ici.

    —Me laver ? bailla Cabriole, pourquoi ? C'est seulement au ciel qu'il faut être propre. Ça n'a pas d'importance sur la Terre. »

    Cela mit Raphaël en colère. « Tu devrais avoir honte ! Tu ne vois pas à quoi tu ressembles. Tu as pleuré la moitié de la nuit et tu t'es essuyé les yeux avec des mains sales. Tu n'es plus un ange, tu es un petit épouvantail ! »

    Raphaël enleva la robe de Cabriole et le jeta dans l'eau. Il remonta en toussant et en protestant, mais peu à peu, il commença à aimer l'eau froide et claire dans laquelle des petits poissons jouaient. Il essaya de les attraper ; il cria et éclaboussa.

    Finalement, Raphaël l'appela : « Allons-y ! Nous avons encore une longue route à faire et tu n'as pas encore déjeuné. »

    Mais rien ne l'intéressait plus que de jouer dans l'eau. Il s'amusait trop dans l'eau. C'était trop glorieux ! Il nagea et plongea comme un petit canard. Raphaël l'appela encore une fois. Mais Cabriole lui cria : « Va-t-en ! Je vais rester toute la journée dans l'eau ! »

    bathing in streamCabriole était seul. Il éclaboussa, en faisant semblant d'être très content. Alors, un vent froid se mit à souffler et Cabriole frissonna. D'un coup, un grand rat d'eau sortit de son abri dans la rive. Il montra ses dents pointues et mordit la jambe de Cabriole. Cabriole bondit hors de l'eau et s'enfuit en criant : « Raphaël ! Où es-tu ? Ne m'entends-tu pas ?

    Mais personne ne répondit. Il était seul dans un bois étrange, plein de dangers inconnus. « Aïe, gémit Cabriole, si seulement je n'avais pas si faim ! » Il courut. Enfin, arrivé à l'orée du bois, Cabriole vit une chaumière et, encore mieux, un prunier.

    Cabriole se glissa dans le jardin et se mit à manger les prunes. Il mangea et mangea, crachant les noyaux par terre. Ses doigts devinrent collants, et le jus rouge coula sur son menton.

    Soudain, la fête se termina. Un chien bondit à travers le jardin, en aboyant. Cabriole laissa tomber sa prune et courut. Heureusement, ses ailes étaient assez fortes pour atteindre l'autre côté de la clôture ; Il tomba, laissant une partie de sa robe entre les crocs du chien. Cabriole se leva et se frotta. « Aïe, toi, le monde affreux et méchant, cria-t-il. Raphaël, où es-tu ? »

    A ce moment, Cabriole vit Raphaël qui s'approchait, à travers un champ de blé doré.

    « Te voilà !, dit Raphaël

    —Es-tu encore fâché contre moi ? », demanda Cabriole.

    Raphaël secoua la tête : « Regarde, Cabriole. Il indiqua la belle terre du doigt. Tout ceci vient de Dieu. Cette terre est bénie et, donc, sainte. Est-ce que tu ne le sens pas ? Ne peux-tu toujours pas chanter Allélu-oui-a ? »

    Cabriole était sur le point d'essayer, mais tout d'un coup il pâlit. « Non, gémit-il en tenant son ventre, je ne peux pas. Je regrette. J'ai mangé trop de prunes. »

    Il y eut chaque jour des nouvelles difficultés. Une fois, il était tombé sur son visage et il avait saigné du nez pendant des heures. Une autre fois, une guêpe lui piqua le doigt. Un matin, quand il se réveilla, il avait mal aux dents.

    « Mon pauvre, songea souvent Raphaël, tu dois surmonter tant de difficultés du monde. Si seulement tu pouvais chanter Allélu-oui-a, petit Cabriole ! »

    Mais Cabriole devint plus silencieux et plus triste, et il faut un cœur joyeux pour chanter Allélu-oui-a. Cabriole avait le mal du pays et son état s'empirait au fil des jours.

    L'hiver était venu sur la Terre, il neigeait et les vitrines étaient décorées pour Noël.

    Les deux anges habitèrent dans une petite chaumière au bord de la ville. C'était une maison médiocre et Raphaël avait ramassé une petite table, un petit livre, deux chaises, un poêle et une balle rouge.

    Un soir, Raphaël et Cabriole se promenaient dans les rues, quand un chaton qui souffrait de la faim, miaula malheureusement et se frotta contre les jambes de Cabriole.

    « Amenons-le avec nous, dit Cabriole, je partagerai mon lait avec lui ».

    Raphaël hocha la tête, et porta Cabriole et le chaton, tous les deux, bien que ses bras fussent fatigués.

    Un soir, en flânant dans la ville, parmi les bruits des voitures et le tonnerre des trains, Raphaël regarda à travers les vitrines. Il voulut acheter une paire de bottines fourrées pour Cabriole.

    « Je n'ai pas besoin de bottines, protesta Cabriole, je veux rentrer au ciel où je pourrai marcher pieds nus sur les nuages. Si je dois rester sur la Terre plus longtemps, j'en aurai marre. Alors, tout simplement je mourrai et ce sera le moyen le plus rapide pour retourner au ciel. »

    Mais Raphaël tint bon : « Tant que tu es ici sur la Terre, tu as besoin de bottines comme tous les autres gamins. »

    Ils entrèrent dans un magasin de chaussures, et attendirent d'être servis. Anxieusement, Raphaël compta ses pièces dans son vieux porte-monnaie.

    « Bonsoir, dit une femme de bonne humeur, puis-je vous aider ? —Je voudrais une paire de bottines chaudes et solides pour mon garçon. »

    En essayant les bottines, la femme demanda à Cabriole : « Est-ce que tu attends Noël, petit ? Qu'est-ce que tu voudrais que l'enfant Jésus t'amène ? »

    Soudain, Cabriole leva la tête, les yeux grands ouverts : « Je sais ce que je voudrais, chuchota-t-il, mais je ne le dirai pas.

    Cela pourrait-il vraiment arriver ? Raphaël sourit : « Peut-être, Cabriole, peut-être ! »

    Dans les jours qui suivirent, Cabriole fut de meilleure humeur. Il s'occupa bien de son chaton, et obéit tout de suite à tout ce que Raphaël lui demandait.

    Un jour, Raphaël se mit à écrire une lettre.

    « Qu'est-ce que tu écris ? demanda Cabriole.

    —J'écris ton rapport de Noël.

    —Oh-la-la, Est-ce qu'il le faut ? Ne peux-tu pas me dire tout ce que tu as écrit ?

    —Je ne peux pas faire ça. Tu le sauras en temps voulu. »

    Le visage de Raphaël resta amical et Cabriole se sentit à l'aise. Il demanda juste : « Ecris-tu tout ? »

    Raphaël se mit à rire. Cabriole n'était pas plus sage qu'avant.

    with a christmas treeLa veille de Noël arriva. Les rues de la ville étaient calmes mais à travers les fenêtres des maisons, les lumières brillaient. Cabriole et Raphaël s'assirent dans leur chaumière, devant un petit sapin décoré avec trois bougies rouges, une pomme et une noix dorée.

    Raphaël fut silencieux. Il sut que le petit ne pouvait penser qu'à Noël au ciel, à la joie, la lumière et les chants d'alléluia.

    « Je suis désolé, Cabriole, dit Raphaël doucement, je t'aurais bien acheté toutes les belles choses dans les magasins mais nous sommes pauvres et je n'ai plus d'argent. »

    Cabriole leva les yeux : « Comment peux-tu penser que j'attende des cadeaux ? Je ne suis pas un enfant humain. Je suis un ange. »

    Cabriole leva les yeux vers la porte, comme s'il attendait quelque chose. Mais personne ne vint et le ciel s'assombrit. Raphaël prit le petit ange et le mit au lit. En lui souhaitant bonne nuit, il remarqua que le petit visage de Cabriole était mouillé de larmes.

    Cabriole n'avait pas sommeil : il écoutait et attendait. « Raphaël, appela-t-il, peux-tu entendre quelque chose ? Est-ce qu'il y a quelqu'un dehors ? » Il entendait un lointain son de cloches ou un chuchotement à la fenêtre.

    « Cabriole, fais dodo maintenant.

    —S'il te plait, Raphaël, va voir »

    Raphaël se leva et ouvrit la porte, mais il ne vit rien de spécial, seulement les arbres sombres du jardin et, au-dessus, le ciel plein d'étoiles brillantes.

    « Laisse la porte ouverte, s'il te plait, supplia Cabriole, je voudrais voir les étoiles

    —Mais tu vas geler !

    —Tu m'as trop emballé dans les couvertures. J'ai trop chaud ! »

    Raphaël s'assit sur le seuil, son vêtement tombant sur les marches, comme de l'argent. Mais tout était tranquille et, enfin, Cabriole s'endormit.

    Tout d'un coup, un rayon de lumière le réveilla.

    « Est-ce déjà le matin ? demanda-t-il en baillant.

    —Lève-toi, Cabriole ! rit Raphaël, nous avons un invité de marque. Est-ce que tu vois qui c'est ? »

    Cabriole ouvrit grand les yeux. Michel se tenait debout devant lui. Sa splendeur illuminait toute la pièce. Cabriole trembla un peu, entre la peur et le bonheur.

    A ce moment-là, Cabriole entendit le son des cloches. Il cria : « Saint Nicolas et son traineau ! Je le savais ! Je le savais ! »

    Il bondit de son lit et courut vers le jardin. Tout avait changé. Saint Nicolas avait arrêté son traineau près du portail. Cabriole fut si stupéfié qu'il sauta des marches et culbuta la tête la première dans la neige. Tous ses camarades rirent gaiement de son soubresaut.

    Raphaël le prit, en riant : « Tu n'as pas changé, mon gamin » Michel sourit mais, en même temps, il l'encouragea à monter dans le traineau. Cabriole était à peine assis quand il cria : « Stop ! J'ai oublié mon chaton ! » Il dut rentrer à la maison, pour aller le chercher. Il lui avait promis de toujours lui donner à manger.

    Quand il revint dans le traineau, à côté de Saint Nicolas. Ils conduisirent à travers la forêt enneigée. « Cabriole, commença Raphaël, ce soir, si tu n'apprends pas à chanter Allélu-oui-a, tu ne l'apprendras jamais ! »

    Cabriole trembla. Doucement, il essaya son premier Allélu-oui-a à voix basse : « Al-lé-lu »... Il ne pouvait pas continuer. La peur le saisit et ses petites mains devinrent froides.

    Quelque chose changea. Cabriole oublia ses peurs. De la profondeur de la forêt un rayon de lumière illumina la neige, et là, en dessous d'un vieux sapin, il y avait une écurie. Au-dessus brillait une étoile glorieuse.

    Le traîneau s'arrêta. Cabriole se sentit le cœur attiré vers l'écurie comme si il y avait un fil invisible.

    Il ne pouvait pas sauter aussi vite qu'il le voulait. Il tomba presque sur son chaton tant il était pressé. Il courut et trébucha dans la neige. Il se mit à genoux, en faisant une révérence à côté de la mangeoire.

    at the manger« Cabriole, est-ce toi ? demanda le petit enfant couché sur la paille. Tu es enfin venu, mon petit Cabriole. C'est pour ton bien que je suis encore là dans la mangeoire et que je me suis fait pauvre et petit. Pour toi, seulement pour toi.

    —Pour moi ? demanda Cabriole, tout ému.

    —Oui, pour toi et pour tous les petits Cabriole qui ne peuvent pas chanter Allélu-oui-a ! »

    Cabriole reprit sa respiration et poussa un cri joyeux : « Mais je sais ! Mais je peux chanter Allélu-oui-a »

    Bien qu'un peu hésitant et dans un ton un peu faux, Cabriole chanta son premier Allélu-oui-a. Autour de lui résonna un chant puissant, l'emportant vers le haut.

    Sa voix claire sonna au-dessus de toutes autres voix jubilantes. Raphaël et Michel se regardèrent, les yeux brillants.

    « Entends-tu, chuchota Raphaël, les larmes aux yeux, entends-tu comme il chante bien ? Je le savais. Seul l'amour a pu changer le cœur de Cabriole, seul l'amour éternel triomphe des anges et des hommes. »

    Depuis, chaque soir, sur la plus haute marche de l'échelle Allélu-oui-a, est assis un petit ange, tenant son chaton dans les bras. Il s'appelle Cabriole. Nous le connaissons bien. Il est un des plus joyeux de tous les anges de Dieu et il peut chanter ses Alléluias même mieux que Raphaël.

    Et on n'a plus jamais entendu « Allélu-non-a » au ciel !

    Allélu-oui-a !

    angels singing
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