« Tu oins d'huile ma tête. » Psalmes 23.5.
Que d'usages a l'huile ! Elle a servi, et sert encore dans certains pays, de source de lumière ; qui ne se souvient des « lumets » du Midi, ressemblant aux lampes qu'utilisaient les vierges sages. L'huile sert de remède, même de nos jours. Elle est un lubrifiant indispensable aux horlogers, aux mécaniciens, à tous ceux qui se servent de machines ; elle est aussi un aliment précieux et sain.
Elle a des usages plus remarquables encore, des usages civiques et religieux. L'hôte qui voulait honorer son invité lui versait de l'huile sur la tête ; nous savons comment Simon le Pharisien manqua vis-à-vis de Jésus à ce devoir élémentaire, mais que, par contre, la pécheresse oignit les pieds du Sauveur d'une huile de prix. Les morts étaient eux aussi oints d'huile. C'est en vue de la sépulture de Jésus que Marie de Béthanie répand sur sa tête le nard précieux.
Dans les cérémonies du couronnement d'un roi, l'onction sacrée est indispensable. Elle consacre le souverain au service de Dieu et de son pays. Les Sacrificateurs étaient oint comme le sont aujourd'hui évêques, archevêques, cardinaux et papes.
La Parole de Dieu nous donne les détails les plus minutieux sur l'onction des Sacrificateurs. Ils étaient touchés d'huile sur la tête, sur le lobe de l'oreille, sur le pouce de la main droite, sur le gros orteil du pied droit. L'être entier, dans sa pensée et dans son action, était consacré à l'Éternel.
Pour nous, enfants de Dieu, quelle est cette huile unique qui éclaire, guérit, lubrifie, nourrit, consacre ? C'est le Saint-Esprit.
Pour nous, enfants de Dieu, quelle est cette huile unique qui éclaire, guérit, lubrifie, nourrit, consacre ? C'est le Saint-Esprit. La troisième personne de la Trinité a été comparée à une colombe, au vent qui souffle où il veut. Elle est venue sur les disciples sous la forme d'une langue de feu. Mais le Saint-Esprit est aussi comparé à l'huile par l'apôtre Jean : « Vous avez reçu l'onction de Celui qui est saint... » (1 Jean 2.20), et encore : « L'onction que vous avez reçue de Lui demeure en vous. » (1 Jean 2.27).
Le Saint-Esprit est la lumière qui nous éclaire et nous convainc de péché de justice et de jugement. Le Saint-Esprit est Celui qui bande nos plaies, qui nous console, qui applique à nos cœurs les merveilleuses promesses de Dieu. Il est le lubrifiant par excellence. Quand nous sommes sous Ses directions, les querelles cessent ; Il dit un mot là, une excuse ailleurs, et les disputes s'apaisent, les racines d'amertume s'arrachent. Il procure la paix, il fait marcher tous les rouages de l'œuvre avec harmonie. Il sait faire mouvoir sans heurt les mécanismes les plus délicats. Il est encore nourriture, puisqu'Il prend de ce qui est à Christ et Il nous le fait assimiler. Il nous conduit dans toute la vérité.
L'huile du Saint-Esprit n'embaume pas notre cadavre, mais elle nous permettra de passer par la mort sans en sentir la puanteur ; nous nous écrions, comme l'apôtre Paul : « O mort, où est ton aiguillon, ô sépulcre, où est ta victoire ? » (1 Cor. 15.55).
Les Rois et les Sacrificateurs avaient une onction spéciale ; nous, enfants de Dieu, devons l'avoir aussi, car nous sommes par droit de nouvelle naissance : « rois et sacrificateurs » (1 Pierre 2.9). Avez-vous jamais remarqué que le lépreux purifié était oint de la même façon que le Sacrificateur ? Il n'y avait aucune différence entre l'homme qui représentait Dieu Lui-même, le premier citoyen d'Israël, et le dernier des misérables, le méprisé, le honni. L'un et l'autre étaient purifiés, consacrés, oints de la même façon.
Nous étions des lépreux, perdus dans nos fautes et dans nos péchés ; il a fallu que nous fussions purifiés par le sang de Christ, et, c'est après que le sang avait été mis sur les parties à oindre, que l'huile y était appliquée. il est impossible de recevoir le Saint-Esprit, Sa puissance, Ses consolations, si d'abord nous n'avons pas accepté le sacrifice de Jésus Christ, si Son sang ne nous a pas lavés de tout péché : Mais, alors, l'onction nous est donnée ! La tête, c'est-à-dire le centre même de notre volonté, de nos pensées, est consacrée.
Le Saint-Esprit est-Il le Maître de nos pensées ? Cherchons-nous à être instruits par Lui sur toutes les questions qui nous préoccupent ? Que d'erreurs de jugement seraient évitées si nous cherchions d'abord à avoir la pensée de Christ !
Ensuite, le lobe de l'oreille était touché par l'huile sainte. N'écoutons-nous, ne prêtons nous l'oreille qu'à ce qui est approuvé par l'Esprit ? Avons-nous une oreille compatissante ? « Est-elle ouverte aux cris du pauvre ? » (Prov. 21.13). « Est-elle éveillée chaque matin par le Seigneur ? » (Es. 50.4).
L'onction du pouce de la main droite signifiait que l'activité du Sacrificateur, celle du lépreux devait être sous la direction de Dieu. À quoi employons-nous nos mains ? Notre travail est-il fait consciencieusement à la gloire de Dieu ? Êtes-vous trop âgé, trop malade pour avoir une activité quelconque, vos mains alors peuvent se joindre dans la prière. « Quoi que vous fassiez en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus. » (Col. 3.17).
Puis, venait l'onction de l'orteil du pied droit. Il ne faut marcher que dans les sentiers tracés par Dieu, n'allez que là où Il veut. Qu'en est-il de chacun de nous ? Quelle découverte faites-vous à la lumière du Saint-Esprit ? Puissions-nous ne pas discuter, chercher des excuses, et refuser de changer de direction. Ah ! plutôt, humilions-nous, demandons au Sauveur de nous pardonner, et reprenons le chemin de l'obéissance.
Le Saint-Esprit nous est donné dès notre conversion. « Ne savez-vous pas, écrit l'apôtre Paul aux chrétiens cependant très imparfaits de Corinthe, que vous êtes le Temple du Saint-Esprit, que l'Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Cor. 3.16). C'est le privilège incroyable de ceux qui sont devenus, par leur conversion, les fils et les filles de Dieu. Mais c'est celui de tous. Il n'est pas question d'attendre un don que nous avons déjà reçu. Réjouissons-nous de cette onction sacerdotale et royale. Que le Seigneur nous donne la grâce d'être, comme le grand-prêtre, des intercesseurs, des pères et mères spirituels, des prédicateurs de la justice, des sauveteurs d'âmes.
David ne parle pas seulement de cette onction initiale, il parle au présent : « Tu oins ma tête d'huile » ; c'est une onction journalière. Le Maître de maison honore son hôte. L'âme rachetée est enrichie tous les jours par le Saint-Esprit. Il est arrivé dans l'expérience de plusieurs serviteurs et servantes de Dieu que le Seigneur leur a donné une manifestation émouvante, bouleversante de Son Esprit. Lisez la vie de Brainerd, l'apôtre des Indiens, de Finney, le grand homme de réveil du 19e siècle, vous constaterez que, pour les tâches spéciales qui leur étaient confiées, ils ont reçu une onction extraordinaire de l'Esprit. Elle est venue alors qu'ils ne s'y attendaient pas, comme un don de Dieu.
Bénissons Dieu quand Il nous fortifie ainsi pour un travail difficile. Il nous permet, comme Gédéon, de nous lancer dans la bataille et d'entreprendre l'impossible sur Son ordre. Mais n'oublions pas que Satan peut imiter les signes et les prodiges. L'Antéchrist fera descendre le feu du ciel, et séduirait même les élus si cela été possible, tant sa puissance ressemblera à celle du Saint-Esprit.
Nous devons répandre autour de nous le parfum de Christ.
Cette onction journalière nous remplit de joie et de paix. Vous vous souvenez qu'après l'onction de Marie, la maison tout entière fut remplie de l'odeur exquise du nard. Nous devons répandre autour de nous le parfum de Christ. Nous devons, dans notre foyer, là où nous travaillons, être un élément de pureté, de bonté et d'amour. L'atmosphère doit être changée. Une de nos jeunes sœurs me racontait une histoire qui m'a remplie d'aise. Elle travaillait dans un atelier, mais, si une de ses compagnes commençait à raconter une histoire douteuse, une autre la poussait du coude : « Tais-toi, la sainte t'entend. » Que le Saint-Esprit nous fasse constater quelle sorte de parfum nous répandons.
L'huile d'olives peut rancir. Je connaissais une chrétienne qui avait passé une fois par une expérience remarquable du Saint-Esprit. Elle vivait sur ce qu'elle avait reçu alors. Sa vie chrétienne ne lui faisait plus honneur, elle négligeait sa Bible, sa communion avec Dieu. Elle avait contristé l'Esprit et elle ne s'en doutait pas. N'avait-elle pas reçu à telle date une onction spéciale de l'Esprit ? Il nous faut une huile toute fraîche, comme l'avait le Psalmiste (Ps. 92.11). Il faut rester en communion constante avec le Père, en méditant Sa Parole.
Cette huile est une huile de joie ; en nous consacrant à Dieu, elle nous introduit dans son intimité, elle Lui permet de se servir de nous.
Ah ! bénissons Dieu de ce que nous pouvons dire, comme David, le cœur rempli de reconnaissance : « Merci, Seigneur, de ce que Tu m'as reçu dans Ta maison, de ce que Tu m'as fait asseoir à Ta table, de ce que Tu parfumes ma tête avec un nard de grand prix, ce nard dont Ton fils bien-aimé a été oint pour le service de Dieu, pour la rédemption des pécheurs. »
Amen
Madeleine A. Blocher-Saillens, L'Incomparable! : Méditations sur le psaume 23 et le cantique des cantiques, éditions des bons semeurs, 1955.