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CheckoutJe suis né en Juillet 1929, à Francfort, en Allemagne. Mes parents étaient des Juifs d'Europe orientale qui étaient arrivés quelques années plus tôt de Pologne. Contrairement aux Juifs qui vivaient depuis des générations en Allemagne, ils connaissaient peu, voire pas du tout, la culture allemande, comme Goethe et Schiller par exemple. Les Juifs allemands étaient plus riches, plus instruits et patriotes, ils considéraient qu'ils appartenaient réellement à la société allemande. Mais nous ne nous y sentions pas vraiment chez nous.
Au moment de ma naissance, mon frère Léo avait déjà onze ans et ma sœur Léna en avait dix. Ainsi, pendant un an et demi, je fus le bébé de la famille. Même après la naissance de ma plus jeune sœur, Judith, j'ai reçu beaucoup d'attention parce que j'étais souvent malade. Mes parents s’étaient construit une vie assez confortable à cette époque, j'ai donc, enfant, été assez gâté. Nous partagions une maison avec plusieurs membres de la famille de ma mère et mes cousins étaient mes compagnons de jeu.
Mes parents avaient, avec mon oncle Chaim Simcha, une sorte d'entrepôt. En Allemagne, les jeunes femmes utilisaient souvent les revenus de leur premier emploi pour acheter un « Aussteuer » — un ensemble de draps, oreillers et couvertures, peut-être même un matelas de plume — en prévision de leur mariage. Mon père et mon oncle vendaient de telles parures de lit et étaient payés par versements mensuels. L'activité a prospéré et je crois que ma famille élargie put ainsi acquérir plusieurs propriétés à Francfort. Nous avons donc eu la chance d'avoir les moyens de fuir l'Allemagne quand les nazis sont arrivés au pouvoir.
Mes souvenirs de Francfort sont nombreux et quelque peu éparpillés : une visite passionnante au zoo de Francfort, de terribles examens de la gorge à l'école maternelle, un merveilleux magasin de bonbons au coin de notre rue.
Mon premier souvenir de l'antisémitisme fut l’expression horrifiée de ma mère quand, rentrant un jour à la maison, j’ai utilisé l'expression « Dreckjude » (sale Juif). J’avais alors trois ans et avais dû l'apprendre de mes compagnons de jeu sans comprendre ce que cela signifiait. Plus tard, nous avons regardé par les fenêtres de notre maison les SA défiler dans la rue en chantant : « Quand le sang juif coulera de nos couteaux ... ». Plus que de ma propre peur, c’est surtout de la terreur dans les yeux de mes parents dont je me souviens.
Quand Hitler arriva au pouvoir en Janvier 1933, mes parents furent convaincus que nous devions quitter l'Allemagne. En avril, Père se rendit en Palestine pour y trouver une maison pour nous. Nous avons attendu de ses nouvelles avec anxiété — pendant huit mois, nous avons attendu. Mais finalement, Père ne put obtenir des autorités britanniques l’autorisation de nous laisser entrer en Palestine. Il nous fit savoir que nous devions le retrouver en Pologne, parce qu’il jugeait qu'il était dangereux pour lui de retourner en Allemagne. Après de joyeuses retrouvailles à la gare de Rzeszów, nous avons pris la route vers Rozwadów, la ville natale de ma mère, où nous allions passer les six prochaines années.
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