Au début de ce livre, je racontais l’histoire d’un homme qui avait assassiné une petite fille de sept ans, et je m’interrogeais : peut-on pardonner à un tel homme ? Au fil des ans qui ont suivi ma première rencontre avec lui, cet homme a profondément changé. Alors qu’il était indifférent et qu’il avait tendance à imputer son crime aux maux de la société, il commence maintenant à assumer la responsabilité de ses actes.
Et le besoin d’être pardonné commence à le tourmenter. Il pleure à présent pour les autres, et non plus sur lui-même. Par ma rencontre avec cet homme, j’ai vu le pardon commencer à transformer quelqu’un qui regarde en face la gravité de ses actes, admet sa culpabilité et reconnaît la nécessité de la repentance.
Un tel homme peut-il être pardonné ? Il nous faut le croire si nous croyons vraiment au pardon et à sa capacité à transformer les cœurs. Certes, nous ne devons en aucun cas minimiser le potentiel de violence qu’il a en lui, ni trouver des excuses pour le mal qu’il a commis. Mais nous ne pouvons pas non plus le déclarer irrécupérable ni lui refuser la possibilité de changer. Peu importe le nombre de fois où nos propres faiblesses se manifestent, nous voulons toujours être pardonnés et nous voulons que les autres croient que nous pouvons changer.
Jésus de Nazareth l’a dit tant de siècles auparavant : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. »
Le pardon est une force. Il nous libère de toutes les chaînes du passé et nous aide à surmonter tous les obstacles. Il peut guérir et celui qui pardonne et celui qui est pardonné. De fait, si on laissait cette force opérer dans le monde, elle pourrait le transformer. Mais trop souvent, nous lui bloquons la route parce que nous n’osons pas le laisser œuvrer librement en nous. En somme, chacun de nous détient les clés du pardon – et nous devons choisir, chaque jour, de les utiliser ou non.