De la propriété à la communauté : C'est le vaste sujet qui nous préoccupe aujourd'hui. Il est tout d'abord important de prendre conscience de la malédiction que représente la propriété, et du poison dont elle tire son origine. La racine empoisonnée de la propriété est le cloisonnement, la division. La propriété est mortifère. Elle provient de la volonté de fragmenter : elle divise le monde entre ce qui est « à moi » et ce qui est « à toi »
Or fragmentation signifie aussi décomposition : quand notre corps se disloque, il se décompose. Et quand la communauté humaine se disloque en individualités, quand chacun retient ce qui lui appartient, elle se trouve dans un état de décomposition.
En fin de compte, la propriété découle de l'égoïsme cupide : cet égoïsme qui est à la racine de l'individualisme. De cet individualisme, de ce « Moi » qui cherche à s'isoler, provient la propriété. Et la malédiction de la propriété implique que les individus ne sont plus en relations. Ils ne vivent plus les uns avec les autres, les uns pour les autres, mais seulement les uns à côté des autres. Pire encore, ils perdent leur relation avec Dieu, qui est la source de la vie. Alors, l'humanité agonise. Elle se trouve à l'article de la mort – sa fin est imminente. Et le symptôme le plus évident de sa situation désespérée est la propriété.
Nous allons examiner comment et pourquoi il en est ainsi. Ensuite, nous chercherons une issue.
La propriété est démoniaque
Comparons l'humanité au corps humain que Dieu nous a donné. Nous pouvons le considérer comme une image de ce que devrait être l'humanité (1 Cor 12:12–31) : il se produit dans le corps quelque chose de démoniaque quand un membre se détache de la conscience unifiée qui appartient à l'ensemble du corps, puis quand il s'oppose à cette conscience unifiée qui permet au corps de fonctionner. Jésus raconte : « Si ta main droite t'entraîne à la mort, coupe-la et jette-la loin de toi » (Matt 5:30).
Tant qu'une personne garde l'unité de sa conscience, tous ses membres, toutes ses fonctions vitales restent au service de l'unité de son corps. Nul membre n'est à son propre service sans se préoccuper des autres. En revanche, quand un organe devient indépendant en s'isolant du fonctionnement harmonieux de l'ensemble du corps, il est malade. Ce phénomène est particulièrement connu dans le domaine de la sexualité. Mais bien que ce soit surtout évident dans la vie sexuelle, nous pourrions aussi le constater pour les autres fonctions vitales et les autres organes : quand une fonction particulière attire l'attention sur elle-même et se fait remarquer, la santé est altérée ; on est malade. Par exemple, notre cœur se porte bien quand nous n'y faisons pas attention.
Il en est de même avec les gens. Quand une personne se fait remarquer, se donne de l'importance, se met en avant, c'est un signe de sa déchéance, un symptôme de sa maladie. Il en serait autrement si tous étaient au service de tous, dans une unité visible.
Le rapport avec la communauté saute aux yeux. La propriété privée est la racine du meurtre (1 Tim 6:9–10). De la propriété proviennent la guerre, la jalousie, les malversations dans le monde des affaires (Jac 4:1–4). La propriété alimente les aspects les plus pervers de la sexualité, la prostitution, les mariages d'argent – qui sont une forme de prostitution. De la propriété provient le mensonge, dans les affaires comme dans les relations sociales.
Je me souviens d'une branche de ma famille qui perdit beaucoup d'argent dans le commerce de bois tropicaux. Lors d'une rencontre, à l'occasion d'un conseil de famille, on posa la question : comment faire des économies ? Impossible de renoncer à voyager en première classe ! Nous n'allons pas nous débarrasser de notre calèche et de nos chevaux ! Ce serait nuire à notre réputation ! Il nous reste à nous imposer des restrictions dans la vie quotidienne, au sein du petit cercle familiale. Mentons au monde extérieur pour paraître riches !
Ou encore – un exemple courant : en ville, nous croisons des gens élégants, chaussés de bottes, vêtus de vêtements chics. Et puis nous apprenons les conditions de vie de ces personnes, logées dans des arrière-cours, ou des mansardes ! Il suffit de connaître un peu le monde pour savoir de quoi je veux parler.
Entrer ici dans les détails nous conduirait trop loin. En tout cela, la propriété réclame sa pitance. Sans propriété privée, ces choses resteraient saines. Je l'ai déjà dit au cours d'un exposé sur Max Stirner. Il vaudrait la peine de se demander si son livre, L'individu et sa propriété, n'aurait pas été écrit sur le mode de l'ironie. Dans cet écrit, il a l'incroyable audace de présenter toute la vie moderne comme un égoïsme mortifère : « Tout ce que JE fais, je le fais pour MOI. » (JE et MOI en majuscules !)
Chez Stirner, c'est valable aussi pour l'amour entre un homme et une femme. Selon lui, il est clair que cet « amour » est un égoïsme qui cherche à prendre possession d'un autre corps. Il est évident pour lui que les gestes d'affection qu'il nous arrive d'exprimer à ceux qui vivent avec nous découlent de l'égoïsme. Il estime que nous nous montrons aimables et amicaux pour en retirer un avantage personnel ou pour étendre notre influence. Ainsi, ce que je m'efforce de faire à ceux que j'aime ne sert qu'à rehausser ma propre valeur aux yeux des autres. Max Stirner en tire immédiatement cette conséquence : la propriété est l'extension visible, dans le monde matériel, de notre manière de concevoir l'existence. S'il en est ainsi, et si nous voulons donner à nos enfants une éducation qui les rende capables de s'imposer dans le monde, il faut commencer par leur inculquer le respect de la propriété. Car égoïsme et propriété sont identiques, au point que la propriété n'est rien d'autre que la manifestation extérieure de l'égoïsme.
De la propriété proviennent la guerre, la jalousie, les malversations dans le monde des affaires.
On pourrait objecter : « L'être humain, comme tous les êtres vivants, a reçu de la nature, et donc de Dieu, un instinct de conservation. Aussi loin que l'on scrute l'histoire humaine, cet instinct a représenté une force essentielle qui lui a permis de survivre. Prendre la création en considération, c'est reconnaître l'existence de cet instinct de conservation et l'entretenir. Il recherche la propriété, il a besoin d'en acquérir, d'en détenir. Il faut bien que l'être humain vive ! C'est même pour lui une obligation morale ! »
Cette thèse est exactement le contraire de celle que je souhaite défendre. L'instinct de conservation peut prendre différentes formes. Il est lié à l'instinct sexuel : la faim et l'amour ! En politique, il trouve son expression dans la soif de pouvoir. En économie, c'est la recherche du profit.
Notre économie, qui se prétend libre, se fonde en fait sur la liberté d'être égoïste et de posséder. Notre système économique n'est fondé que sur la recherche du profit. Il spécule sur l'égoïsme qui provient de l'instinct de conservation et de la quête de pouvoir en chaque individu. D'ailleurs, il a raison. Jésus disait en effet : « Si le royaume de Satan est divisé contre lui-même, comment se maintiendra-t-il ? » (Matt 12:25–26) Ainsi, grâce à l'accord tacite de ceux qui y sont impliqués et de ceux qui aimeraient y participer s'ils le pouvaient, notre système ultra capitaliste ne s'effondre pas.
Car ces forces démoniaques qui recherchent le profit sont d'accord entre elles. Elles suivent une même logique – quand bien même elles seraient en compétition ou en concurrence sur le marché. Ainsi, ceux qui possèdent sont possédés : possédés du démon. La propriété, l'argent se donnent leurs propres lois. Tout comme la perversion sexuelle, dans laquelle l'organe reproducteur se sépare de l'harmonieux fonctionnement du corps et des autres organes pour se rendre « autonome ». Cette autonomie est démoniaque.
La malédiction de notre époque, c'est notre existence divisée, déchirée, qui devient la proie de l'idole de l'autonomie. Nous nous mettons à genoux devant l'autonomie, tout particulièrement devant l'autonomie de l'argent et de l'économie.
La civilisation occidentale connaît un déclin fulgurant. Au Moyen Âge, l’Église prévalait sur l’État ; elle régentait toute la vie. Plus tard, à l'époque de l'absolutisme, c'est l’État qui régentait la vie de l’Église, l'économie et toute la vie. Aujourd'hui, nous connaissons une évolution par laquelle c'est l'économie qui étend sa domination sur l’État, l'école, l’Église et toute l'existence. Je ne prétends pas porter ici un jugement pour désigner la pire ou la meilleure des éventualités. Je veux seulement faire remarquer que nous sommes désormais devenus esclaves des choses matérielles. Voilà tout.
L'égoïsme collectif
Nous commencions en évoquant l'instinct de conservation. Voici maintenant une deuxième objection : l'égoïsme collectif. On prétend : « Je ne vis pas pour moi-même. Je ne garde pas ma propriété pour moi. J'en ai besoin pour ma femme, mes enfants, ou d'autres… Si je fais la guerre, ce n'est absolument pas pour défendre mes biens. Je la fais pour défendre les autres. »
Nous nous mettons à genoux devant l'autonomie, tout particulièrement devant l'autonomie de l'argent et de l'économie.
En fait, ce « pour les autres » n'est qu'une illusion. Dans ce que nous faisons « pour les autres », notre Ego est exacerbé. De longues fiançailles, un mariage, deux personnes amoureuses, une lune de miel, ne sont qu'un égoïsme à deux. Celui qui aime sa femme aime sa propre chair. Celui qui aime ses enfants aime sa propre chair, son propre sang. L'égoïsme collectif ne se rapporte pas seulement à l'amour de sa famille, mais concerne aussi les proches, la solidarité d'un clan, la loyauté envers sa tribu, les relations dans une colonie, la défense de la race, de l’État et, pire encore, la guerre civile au profit d'une caste ou d'une classe sociale.
Répondons à la question de savoir si des actes apparemment désintéressés pourraient résulter d'un égoïsme collectif. En fait, ce n'est pas le nombre de personnes que j'aide qui entre en ligne de compte, mais la nature de mon aide. Peu importe de savoir si je me soucie de moi-même, de ma parenté ou d'autres personnes avec lesquelles je serais lié – la différence ne serait que celle du nombre. La problème est celui-ci : je prends soin de moi-même et des miens exclusivement, et non pas des autres.
Je vais le dire franchement : je suis opposé au nationalisme et au patriotisme. Je suis opposé à la lutte des classes prolétarienne. Je suis contre les privilèges de la classe possédante. Je suis contre les partis. Plus encore : je suis contre le principe d'un héritage successoral. J'affirme que l'égoïsme règne partout où il s'agit de la défense d'intérêts communs.
Notre vie publique est tombée sous la malédiction de la propriété. À quoi sert l'armée ? À quoi sert la justice ? Il est évident qu'elles sont au service de la propriété – de ce qui est privé, individuel, destiné à mourir !
Nous devons échapper à ce naufrage ! Tant que subsistent l'esprit de convoitise, la lutte pour la vie, les revendications, les prérogatives personnelles, les privilèges, nous sommes perdus. Nous courons à la ruine, loin de Dieu !
Je vais vous en donner un exemple : quand nous résidions à Berlin, nous avions entendu parler d'une femme gravement atteinte de la tuberculose. Elle habitait une pièce dans laquelle aucune lumière ne pénétrait de la journée. Cette femme ne pouvait plus se lever seule. Chaque jour, un occupant de l'immeuble la sortait de son lit, puis la recouchait le soir. Non sans peine, et en puisant dans nos finances, nous sommes parvenus à lui louer une chambre ensoleillée dans un quartier salubre. Mais quand nous l'avons cherchée chez elle, elle n'a pas voulu partir ! Elle s'était habituée à son environnement ! N'est-ce pas incroyable ?
Examinons-nous : sommes-nous tellement différents ? Ne sommes-nous pas habitués à la malédiction de la propriété, de l'individualisme, du chacun pour soi ? Réveillons-nous, et écoutons l’Évangile qui nous libérera de cette malédiction d'une vie sans l'Esprit, sans Dieu !
Observons maintenant la nature, pour nous remettre de ces images terribles. Qu'est-ce que vivre, d'un point de vue strictement biologique ? Nous vivons grâce au soleil, à l'oxygène, à l'air, à l'eau, aux trésors que la terre renferme. Nous vivons aussi par notre travail, l'exploitation des ressources naturelles par les efforts de notre esprit et de notre corps. À qui le soleil appartient-il ? Il est donné à tous, à tous sans exception ! Et s'il existe une unité parmi les hommes, c'est bien dans le fait de jouir ensemble de la lumière du soleil. Certes, certains vivent dans l'ombre, mais il faudrait qu'ils profitent de la lumière du soleil !
Les houttériens du 16e siècle disaient dans leurs écrits : Si le soleil n'était pas si haut, des gens se le seraient approprié depuis longtemps au détriment des autres – qui, privés de sa lumière, ne verraient plus rien. La volonté de posséder, qui s'approprie ce qui ne lui appartient pas, n'hésiterait pas à s'emparer du soleil. Heureusement qu'il est si haut !
Et l'air ? Il est déjà partiellement commercialisé. Les centres de cure ne font-ils pas payer le bon air ? Et pourtant, l'air ne leur appartient pas. Et l'eau ? N'est-elle pas aujourd'hui considérée comme une marchandise ? Et la terre ? Existe-t-il de bonnes raisons pour qu'elle soit divisée en propriétés privées ? En quoi la terre différerait-elle du soleil ? En rien ! La terre ne devrait pas être privatisée. Elle appartient à ceux qui l'habitent, à ceux auxquels Dieu l'a donnée (Lev 25:23).
Pourtant, désormais, la terre est entre des mains « privées ». Que signifie précisément « privé » ? On parle d'une fonction privée, d'une affaire privée, d'un chemin privé, d'une propriété privée, etc. Quelle est l'origine exacte de ce mot ? Privare vient du latin et signifie « priver de », « voler » ! –une propriété privée est donc une propriété volée ! Volée à qui ? Volée à Dieu et à l'humanité ! Elle est prise à la Création ; des individus se la sont appropriée – ou en ont hérité, ce qui revient au même. Et celui qui en est devenu héritier ou qui l'a acquise par lui-même s'y accroche.
Bien que la malédiction de la propriété doive être une évidence, il faut aussi qu'elle soit clairement dénoncée par des voix prophétiques au service de la vérité. Dieu n'a jamais cessé d'envoyer de tels prophètes à toutes les époques.
Jésus est l'ami des Hommes – c'est pourquoi il est l'ennemi de la propriété. Jésus veut la vraie vie pour l'humanité – c'est pourquoi il s'oppose à l'instinct de conservation, à une existence égoïste. Une lettre de Paul nous dit que chacun doit avoir en lui les sentiments qui étaient en Jésus-Christ (Phil 2:1–11). Jésus ne s'est pas accroché à ses privilèges. Il a tout abandonné, tout laissé, pour prendre la dernière place parmi les humains. Il n'a pas seulement voulu être le plus pauvre, mais aussi le plus humilié, au point d'avoir été considéré comme un criminel. Il n'a rien gardé pour lui-même. Il n'avait pas d'argent, mais sa communauté itinérante avait une bourse commune. (Jn 12:6) Il disait : « Celui qui cherche à préserver sa vie la perd. Celui qui veut garder sa vie la perdra. » (Jn 12:25) « Quiconque ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple. » (Luc 14:33)
Nul ne saurait devenir disciple de Jésus en s'attachant à ce qu'il possède. Vends tout ce que tu as et donne-le ! (Luc 18:18–25) Si tu as plus d'une tunique, donne-la ! Offre aussi ton heure supplémentaire de travail ! C'est cette heure supplémentaire, qui te procure un bénéfice, qui est à l'origine de la propriété. (Matt 5:40–42) Si les biens appartenaient à tous, comme le soleil ou la terre, et donc à Dieu et à son Royaume, ton heure supplémentaire de travail appartiendrait également à Dieu et à tous. Amassez-vous une fortune, mais pas pour ici, où les mites et la rouille la détruiront. Amassez-vous un trésor dans les cieux ! (Luc 12:33) Libérez-vous de vos droits et de vos privilèges !
La communauté dans le Saint-Esprit
Jusqu'à présent, nous n'avons parlé que de la propriété, à laquelle nous voulons renoncer. Désormais, parlons de la communauté, de ce à quoi nous aspirons. Renoncer à la propriété, en effet, signifie fondamentalement s'engager dans une communauté, avec ce que l'on est et ce que l'on a.
Nous abordons ici ce que signifie « vivre ». Nietzsche l'avait bien compris. Il disait que Jésus oppose la vraie vie à la fausse. Quelle est la vraie vie que nous devrions mener ? Finalement, qu'est-ce que vivre ? Un corps est vivant quand ses organes et ses fonctions existent avec une conscience de leur unité : les uns pour les autres, au service du corps entier. Il y a vie quand cette unité exprime sa cohésion et son dynamisme. La vie ne provient que de ce qui est vivant. Une vie nouvelle n’apparaîtra que là où la vie existe déjà. Mais la vie est indissociable de l'unité : unité dans le mouvement, unité dans la diversité, unité de conscience, unité de volonté, de sentiment, de pensée. La vie une unité organique, une unité de conscience, une unité corporelle. Et l'homme ne peut vivre qu'au sein d'une humanité unie. L'humanité est unie dans la mesure où elle est guidée et commandée par une seule âme collective, par un même esprit communautaire, grâce auquel chacun s'engage au service de tous, chacun travaille pour tous.
Nous devons faire de notre vie, sous tous ses aspects, un signe de l'humanité future dans le Royaume à venir de Dieu.
Pour vouloir une communauté, il faut vouloir l'esprit de la communauté. C'est pourquoi je refuse la forme dite communiste de la communauté. Je ne crois qu'en une communauté qui croit en l'Esprit : la communauté dont l'âme collective est le Saint-Esprit. Dans l'Esprit, l’Église trouve l'unanimité et l'unité. En Lui, l’Église est riche, très riche en dons, en force, en multiples réalisations.
Cependant, comme dans le corps, l'unité dans ce monde, dans cette communauté, ne peut se maintenir que par le sacrifice. Comme nous l'avons vu, si l'unité pouvait être obtenue sans sacrifice, elle ne serait que la satisfaction d'une aspiration à la propriété, un égoïsme collectif. Dans l’Église, chaque individu sera prêt au sacrifice de toutes ses forces, même au don de sa vie. Seul vit vraiment celui qui est prêt à donner sa vie pour ses frères et sœurs. (Jn 15:13) Nous devons garder les mains disponibles, ouvertes, libres, pour nous mettre à l’œuvre dans l’Église. Ce n'est qu'à cette condition que nous pourrons former une communauté et appartenir à l'Esprit de l’Église.
Quand nous entrons dans ce mystère, nous comprenons à quel point ce message dit oui à la vie. Il ne s'agit pas de mourir à soi-même pour mourir à soi-même. Il s'agit d'un renoncement en vue d'une nouvelle naissance. Il s'agit de quitter des illusions pour parvenir à la réalité, de se détourner de ce qui n'a pas d'importance pour parvenir à ce qui est essentiel.
C'est un feu qui va venir sur ce monde ; un réseau de lumières saintes, de cellules organiques vivantes.
Les premiers chrétiens n'usaient pas d'un langage philosophique. Ils parlaient simplement. Pour illustrer l'avenir de l'humanité, ils utilisaient deux images : celle de la table et celle du festin de noce. Dans le Royaume, tous seront réunis, comme on se rassemble autour d'une même table. (Matt 22:1–14 ; 25:1–13) Tous seront réunis, comme à l'occasion d'un mariage. (Apoc 19:6–7) L'union entre un homme et une femme dans le mariage doit devenir le symbole de l'union entre Dieu et son peuple (Eph 5:31–32).
Voilà notre tâche en Église, en communauté : faire de notre vie, sous tous ses aspects, un signe de l'humanité future dans le Royaume à venir de Dieu. En conséquence, renonçons à la propriété, et vivons en communauté !
Traduit de l'allemand par Marie-Noëlle von der Recke. Cet article est extrait du livre Sel et lumière : vivre le sermon sur la montagne par Eberhard Arnold.
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