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CheckoutIl y a trente-neuf ans, l'archevêque d'El Salvador, Mgr Oscar Romero, tombait sous les balles d'un assassin, en pleine célébration de la messe. De son vivant, ses appels véhéments en faveur de la justice pour les pauvres lui valurent d'être accusé d'ingérence politique et même de soutien au communisme. En octobre 2018, le Vatican l'a canonisé. On comprend aisément pourquoi : sans jamais craindre de s'opposer à l'oppression, son message se fondait sur l’amour profond d'un Christ non-violent.
‘Liberté’ restera un vain mot tant que le péché habitera nos cœurs. À quoi bon changer les structures ? À quoi bon violence et force armée si elles sont motivées par la haine et le maintien au pouvoir des gouvernants ou qu’elles cherchent à les renverser pour installer de nouvelles tyrannies à leur place ? Ce que nous cherchons dans le Christ, c'est la vraie liberté ; la liberté qui transforme le cœur, la liberté que le Christ ressuscité nous annonce aujourd'hui, "Cherchez les choses d'en haut" (Col 3,1).
Ne vous contentez pas de regarder du haut de votre tour d’ivoire la liberté terrestre et l'oppression de ce système injuste au Salvador. Regardez en haut ! Ce qui ne veut pas dire accepter la situation : les chrétiens savent aussi comment lutter, en effet. Ils savent que leur lutte sera d'autant plus percutante et vaillante qu'elle s'inspire du Christ, Lui qui savait faire autre chose que tendre l'autre joue et se laisser clouer sur une croix. Même en se soumettant à la crucifixion, il a racheté le monde et chanté l'hymne définitif de la victoire – victoire qu'on ne détournera à d'autres fins mais qui profitera à ceux qui, comme le Christ, cherchent la véritable libération des êtres humains. Sans le Christ ressuscité, cette libération est incompréhensible, et c'est ce que je souhaite pour vous, chères sœurs et chers frères, surtout pour ceux d'entre vous qui, si sensibilisés aux problèmes sociaux, ne supportez pas l'injustice qui afflige notre pays. . . Élevez bien haut vos cœurs, et considérez les choses d'en haut !
Vous, jeunes qui vous adonnez à la violence et au vice, vous qui avez déjà perdu la foi en l'amour parce que vous l’estimez impuissant à résoudre quoi que soit, voici la preuve que l'amour seul résout tout. Si le Christ avait voulu imposer sa rédemption par la force armée ou par le feu et la violence, il n'aurait rien accompli. Cela aurait été en vain et n'aurait suscité que plus de haine et de méchanceté. Or, le Christ nous annonce l'essentiel de la rédemption, en déclarant cette nuit : "Ceci est mon commandement : comme je vous ai aimés, aimez-vous aussi les uns les autres". Et il a poursuivi : "Afin que vous voyiez que je ne me paie pas de mots, restez avec moi ce soir, quand je transpirerai du sang à la pensée du mal au cœur de l'humanité et serai dans les affres de mes propres souffrances ! Demain, vous me verrez, comme un agneau silencieux, porter la croix et mourir au Calvaire. Soyez assurés que je n'éprouve aucune rancune envers quiconque. Du fond de mon âme, je crierai : "Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font."
Songeons, sœurs et frères, à ce geste d'amour personnifié. Et lorsque nous sommes tentés d'agir avec vengeance, ressentiment, cruauté ou égoïsme, ne suivons pas le triste exemple de ceux qui se détestent. Levons plutôt nos yeux vers l'amour devenu agneau, nourriture, Pâque et alliance.
Traduit de l'anglais par Dominique Macabie