La mise en musique du Psaume 24 de Lili Boulanger se termine avec le chœur et l'orgue poussés au maximum : « C’est le roi de la gloire : Jéhovah ». Cet éloge exubérant a été écrit en 1916, année douloureuse pour l’Europe et en particulier pour la jeune compositrice, qui se rendait compte que la mauvaise santé qui l’avait troublée depuis l’enfance ne lui laisserait probablement qu’une ou deux années de plus à vivre. Pendant ces quelques années, sa créativité et ses compétences musicales ont augmenté, tout comme son dévouement à la foi catholique de son enfance. Elle est rentrée de Rome où, lauréate du Prix de Rome, elle avait étudié la composition à la Villa de Médicis. (Lili Boulanger fut la première femme à recevoir ce prix ; les lauréats précédents étaient Berlioz, Gounod, Bizet, Massenet et Debussy. Profondément touchée par la souffrance des soldats au front, elle a aidé à mettre en place une fondation pour les soutenir, tout en continuant à composer. Sa dernière œuvre, une mise en scène du « Pie Jesu » a dû être dictée à sa sœur Nadia qui n’avait plus la force d’écrire.
Lili Boulanger meurt en 1918 à l’âge de vingt-quatre ans. L’un des derniers morceaux de musique qu’elle composa, la « Vieille prière bouddhique », contient des mots qui reflètent son acceptation du destin qui lui a été assigné ainsi que son désir d'un monde où la guerre a cédé la place à la « paix et à la joie » :
Que chaque créature, chaque âme vivante,
et les esprits à naître,
que toutes les femmes qui vivent,
que chaque homme qui vit,
sans ennemi, sans entrave,
transcendent douleur et chagrin,
atteignent enfin la paix, la joie.
Que toutes les créatures se meuvent librement,
chacune dans le chemin qui lui est assigné.
Cet enregistrement a été réalisé par le Monteverdi Choir ; le ténor solo est chanté par Julian Podger.