Maison Néhémie
Confortablement installé en banlieue, Patrick Murray avait un cabinet d'avocat florissant. Or voici qu’un jour des amis leur ont demandé, à lui et à sa femme Debbie, de les aider à prier pour que quelqu'un vienne les rejoindre dans leur ministère auprès des jeunes de quartiers défavorisés. Après plusieurs mois des prières persévérantes, Debbie lui répondit qu'elle en avait reçu la conviction : le couple que Dieu appelait, c’était le sien. Lui-même n'était pas très chaud pour troquer leur vie tranquille contre un avenir incertain. Mais, après tout, ils étaient chrétiens, n'est-ce pas ? Les Murray vendirent donc leur maison de Westfield, Massachusetts, et s'installèrent en 2002 dans un quartier de Springfield, le redoutable Six Corners : bas revenus et taux élevés de criminalité. Inspirés par l'histoire où Néhémie reconstruit les murs de Jérusalem, ils baptisèrent leur communauté Nehemiah House. Vous tomberez sans doute sur eux, en compagnie d'autres personnes qui ont rejoint leur cause, en train de prier pour les trafiquants de drogue et les prostituées sur le trottoir en face, de transformer un terrain vague encombré d'ordures en un jardin, ou encore autour du repas qu’ils partagent avec des demandeurs d'asile. Leur but, affirment-ils, c'est de recoller les morceaux de la vie fragmentée de ceux qu'ils rencontrent avec le ciment de l'amour du Christ.
Célébration des 75 ans de la ferme Koinonia
Il y a plus de cinquante ans mourrait Clarence Jordan dans une baraque de la campagne géorgienne. Depuis lors, son influence n'a jamais cessé de se répandre et de croître, comme en a témoigné la foule hétéroclite – composée d'octogénaires de la région, de jeunes militants, d'habitués de la vie communautaire, d'agriculteurs passionnés – qui a célébré son héritage le printemps dernier. Fermier et prédicateur baptiste du Sud des États-Unis, Clarence fonda la ferme Koinonia en 1942, pour en faire une « parcelle de démonstration du Royaume », un lieu où il pourrait vivre avec d'autres, en communauté, la justice économique et raciale. Malgré des manifestations d'hostilité locale, notamment la violence du Ku Klux Klan et un boycott total, la communauté a survécu jusqu'à aujourd'hui. Deux Églises locales qui, il y a cinquante ans, avaient exclu les membres de Koinonia parce qu'ils avaient emmenés avec eux un Noir dans le temple, ont radicalement changé d'attitude, au point de rivaliser pour accueillir la rencontre. koinoniafarm.org
Construire la paix en Colombie
Depuis 1958, plus de 220 000 personnes sont mortes à cause de la guerre civile en Colombie. Maintenant, alors que s'instaure une paix fragile, les mennonites colombiens travaillent activement à guérir par le pardon les plaies et les déchirures de leur pays. Un camp d'artisans de paix a rassemblé cet été une cinquantaine de personnes venues du Guatemala, du Mexique, d'Australie, des États-Unis et de Colombie. Étaient présents des anciens combattants et des victimes. Tous étaient réunis pour des rencontres et des ateliers sur la résolution des conflits, l'objection de conscience et le dialogue entre victimes et agresseurs.
Jardely Martinez, qui a organisé l'événement, disait : « Notre objectif est d'offrir un espace ouvert, un lieu de paix où Dieu peut nous écouter et où nous pouvons écouter l'histoire de chaque personne qui a souffert des conséquences de la guerre. » Les participants ont reçu des exemplaires de l'ouvrage édité par Plough, Setenta veces siete: reconciliación en nuestra sociedad (Pourquoi pardonner ?).